CRISE ECONOMIQUE IVOIRIENNE/PARADOXE DES TAUX DE CROISSANCE
Il faut à un moment donné que les ivoiriens comprennent que malgré le taux de croissance vanté çà et là par le gouvernement, elle n'a en rien empêcher la conjoncture économique (selon moi à court terme) que traverse la CI du fait de la non réalisation des objectifs budgétaires de nos ressources dont principalement le cacao sur le marché international. De quoi entraîner le gouvernement à prendre des mesures drastiques comme si nous étions en situation économique vraisemblablement compromises (je pèse mes mots) d'où la question de savoir à quoi sert réellement le taux de croissance dans un tel contexte économique ?
Depuis la sortie de crise en Côte d'ivoire qui a permis la mise en place d'une alternance démocratique tumultueuse, le nouveau gouvernement n'a cessé de clamer haut et fort ses exploits économiques en matière de réalisation de taux de croissance excellent, étant même l'un des plus élevés au monde après ceux des pays dits émergents.
Cette fulgurante croissance est d'ailleurs confirmée par de nombreux économistes parmi lesquels Hélène Ehrhart qui a par ailleurs consacré un article dans LA TRIBUNE (site économique et revue économique) avec pour avant-propos cette mise en avant de cette ascension économique ivoirienne : << Alors qu'elle était la quatrième économie d'Afrique subsaharienne en 1995, la Côte d'Ivoire, lourdement impactée par l'instabilité politique des années 2000, occupe aujourd'hui la 9e place. Un cycle de forte croissance économique -avec un rythme moyen supérieur à 8%- s'est toutefois ouvert en 2012. Quelles sont les raisons de ce "rattrapage économique" ? >>.
Dès lors face à cette médiatisation de cette prouesse économique ivoirienne tandis que la plupart des pays occidentaux sont confrontés pour leur part à des récessions constantes, l'on devrait tout naturellement conclure que cela aurait dû impacter la vie économique de la nation d'un point de vue matériel, concret.
Or le constat sur le terrain est tout autre.
En effet, les ivoiriens dans leur grande majorité se plaignent, ne comprennent pas pourquoi cette notion de croissance aussi élevé soit-elle ne change en rien leur quotidien mais plutôt empire la situation déjà chaotique du fait de l'augmentation de pratiquement tous les produits commerciaux, de services...etc.
L'Ivoirien a l'impression d'être étouffé économiquement.
« Quand l'on se rend au super marché, dans les rayons, on constate une légère augmentation de 50 à 100 FCFA sur les produits qui apparemment sont insignifiants. Mais, une fois à la caisse, on se rend compte que la facture est vraiment salée », explique à Politikafrique.info Marthe Konan, habitante de Cocody qui dit avoir observé depuis quelque temps une hausse de prix sur les différents produits. Charles Bako lui, réside dans la commune de Yopougon plus au nord à Abidjan la capitale économique ivoirienne. Il a également vécu son expérience. « J'ai été surpris hier (mardi 7 mars, Ndlr) d'acheter le gros tube de dentifrice que j'avais l'habitude de payer à 800f à 900f dans la boutique près de chez moi » fait-il savoir. Son dernier achat remonte à un mois.
De part ce faite l'on a vu apparaitre sur la toile de nombreuses pages, des cyber-activistes qui dénonçaient l'augmentation de la cherté de la vie avec par exemple << UN CONSOMMATEUR AVERTI EN VAUT DEUX>> avec près de 117.000 membres, également « aminata24 », une cyber-activiste proche du pouvoir, faisait une alerte sur les changements intervenus sur les prix des produits alimentaires. Le 5 décembre 2016, sur sa page Facebook, elle publiait : « Côte d'Ivoire : depuis quelques semaines, les prix du lait, de l'huile et du kilogramme de sucre ont augmenté, à Abidjan comme à Bouaké, les consommateurs grognent ».
De plus ce qui est surprenant voir surréaliste ce sont les récentes déclarations de l'exécutif avec à la tête le chef de l'Etat ivoirien estimant que la situation économique actuelle est difficile (Mars 2017/SIC !). Pour ne rien arranger la Cote d'ivoire a subi ces derniers temps plusieurs grèves (fonctionnaires, éducation...etc.) sans compter les multiples mutineries des ex forces nouvelles intégrées dans l'armée ou encore des démobilisés et face à ces problèmes l'Etat a due peiner pour résoudre ces questions alors que logiquement ce pays possède de bon score en matière de croissance.
Dès lors nous nous demandons donc à quoi sert réellement les taux de croissances ? son impact dans la vie économique d'une nation ?
Avant tout propos face à ces interrogations il convient dans un premier temps de se focaliser dans une approche définitionnelle des termes dont la notion de crise économique et celle de taux de croissance.
Selon une définition de la crise économique (ses.webclass.fr/notion/crise-économique) <<La crise, au sens strict, est le processus de retournement de l'activité économique (quantités de biens et services produits) ; cette crise débouche sur une récession qui peut, elle-même, se transformer en dépression qui correspond à une baisse profonde et durable de l'activité économique >>.
L'on constate donc que crise économique a donc un lien très étroit avec croissance économique. D'où nous pouvons déduire deux choses.
Plus la croissance est forte, plus l'économie se porte bien. Inversement plus la croissance est faible plus la difficulté économique s'accentue.
De ce constat découle donc le paradoxe objet de notre étude et interrogation.
Puisque la croissance ivoirienne a été présenté comme modèle par toutes les institutions financières internationales pourquoi donc subitement sommes nous en difficulté économique ? pourquoi depuis longtemps les prix en côte d'ivoires des produits alimentaires ou les services ne cessent de grimper ? (Ceci fera l'objet d'un autre article).
Il faut relever le fait que la croissance en elle-même est une notion qui peut faire apparaitre 3 critères. Elle peut être soit extensive, intensive ou endogène.
Là également il faut déterminer dans le cas ivoirien de quel type de croissance fait on allusion.
Tout d'abord, la croissance extensive est proportionnelle à l'augmentation des quantités des facteurs de production tandis que la croissance intensive est liée à l'augmentation de la productivité du travail et/ou du capital. Quant à la croissance endogène, elle n'est pas une forme de croissance mais une théorie mettant en évidence le rôle positif sur la croissance du capital humain, des savoir-faire, des infrastructures etc. (définition économique des termes/lexique économique).
Sans aller plus loin dans la définition des termes, nous pouvons déduire implicitement et de façon tout à faire logique que la notion qui correspond au mieux à la réalité Ivoirienne est la notion de croissance endogène basé sur le capital humain, le savoir-faire et les infrastructures et ceux pour une raison relativement simple. En effet depuis l'alternance en 2011, bon nombre de projets liés à la réalisation de multiples infrastructures ont été finalisés ou réalisés (pont de Jacqueville, 3e pont, autoroute de grand Bassam, autoroute du nord, les échangeurs, rénovation des universités, etc.). Cela a logiquement eu pour impact de booster cette croissance dite endogène.
On pourrait alors penser qu'il n'y a alors jamais eu en réalité une croissance réelle en côte d'ivoire, sinon qu'il a seulement existé une croissance liée aux infrastructures (croissance endogène).
Voici donc la principale raison qui expliquerait que la population ne puisse donc percevoir les chiffres de cette croissance établie çà et là par des institutions financières qui ne reflètes donc pas la réalité économique (croissance extensives et intensives qui elles ont un réel impact sur l'amélioration de la vie des populations).
Dès lors tout devient clair. Il y a bel et bien croissance économique mais cette croissance ne pourra jamais impacter dans la vie réelle (je pèse mes mots, en tout cas à court terme) Cest à dire se faire ressentir dans le portefeuille de la ménagère, ou encore dans la baisse du chômage, ou dans tout autre aspect sociale (car il s'agit d'une croissance endogène uniquement basé sur le développement des infrastructures...etc.).
Toutefois cette croissance, en elle-même était prévisible car un pays sortant de guerre va privilégier la réalisation des infrastructures du fait de sa reconstruction. Cela aura donc pour impact de faire croite d'un point de vue logique une certaine croissance (voir supra/explication) mais qui n'aura pas d'effet sur le pouvoir d'achat des populations. Cette croissance est par ailleurs elle-même financé par l'obtention de multiples crédits pour la réalisation de ces infrastructures d'où l'augmentation de la dette extérieure malgré l'achèvement de l'initiative PPTE dont à bénéficier la CI (VOIR site internet du ministère de l'économie et des finances de côte d'ivoire/www.finances.gouv.ci / Le stock de la dette s'élève à 8 156,6 milliards, comprenant 4 249,3 milliards de dette extérieure 52 ,1% du stock).
Raison pour laquelle pour bon nombre d'économistes, ce type de croissance dite endogène n'est pas en réalité une vraie croissance (mais considérée par les institutions financières comme une forme de croissance à part entière).
Quand l'exécutif évoque la notion de crise ou encore lorsque la population se plaint de la cherté de la vie, cette population ne peut que s'en prendre à cette politique économique qui ne se base que sur des investissements liés aux infrastructures (souvenez vous des propos du chef de l'Etat "l'argent travail"). Je ne doute pas qu'investir dans les infrastructures peut améliorer la qualité de vie des populations et dans une certaine mesure à stimuler les investissements dans le pays et inversé la courbe en stimulant la croissance dite extensive voir intensive. Mais cela on le voit a du mal à se mettre en œuvre. Pour ne rien arrangé l'Etat se retrouve face à des difficultés encore plus sérieuses avec la non réalisation des objectifs budgétaires (budget de l'état revue à la baise) du fait de non réalisation des bénéfices prévisionnels sur le marché international de nos matières premières, la dette intérieure (arriéré de salaire des fonctionnaires), mutineries à répétions, semblent montrer que les chiffres évoqués çà et là sont des illusions (croissances endogènes) qui ne peuvent en rien (en tout cas à court terme) impacter la vie des population.
Ces évènements dont surtout ceux liés à la non réalisation des objectifs budgétaires ont contraint une fois de plus l'Etat à se tourner vers le peuple afin de renflouer ses caisses dont la dernière mesure en date est la décision gouvernementale d'augmentation des factures d'électricité à compter du mois de juillet 2017. Constatons donc de par ce simple fait, si croissance il y avait, le gouvernement aurait dû puiser dans ses réserves puisque depuis 2012 nous avons des croissances élevées et non porter ses déficits budgétaires sur le dos des populations.
Si croissance rime avec crise, l'on constate donc que celle dont la Côte d'Ivoire, sinon le gouvernement vante les chiffres, reste un critère insuffisant étant à même d'empêcher les crises économiques ou encore améliorer le pouvoir d'achat des populations. En tout cas cette politique est pour l'heure en panne, au ralentie.
L'État doit donc, après plus de 6 ans, proposer autre chose, innover en matière économique et ne plus se focaliser sur les vieilles méthodes du passé car la vie économique bouge sans cesse et il faut s'y adapter. Il faut trouver des méthodes alternatives, se focaliser sur des éléments de base qui sont : l'industrialisation, le développement de la production, la transformation et la consommation de nos propres produits, le financement de projets viables, l'accompagnement et l'encadrement des entrepreneurs ivoiriens (comme le fait l'Inde), la promotion de nos produits locaux afin qu'ils envahissent le marché national (comme le fait l'Inde ou encore la Chine), le renforcement des partenariats sud-sud, la lutte contre la corruption, l'instauration de la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques... Tous ces défis, il faut les relever dans l'union, la discipline et le travail.
Vincent de Paul ADAI (V.P.A).
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